Oiseaux.ch

Le portail de référence des oiseaux sauvages en Suisse

Observation, étude, protection et photographie des oiseaux sauvages

La chronique
de Lionel Maumary

Almanach des migrations

Un Bruant mélanocéphale au Benkenried

Lionel Maumary, Oiseaux.ch, 28.05.2015

Le 25 mai 2015, Michi Graf découvre un Bruant mélanocéphale mâle de 2e année au Benkenried SG, se nourrissant dans les aubépines. Ce bruant balkanique au chant de merle est un migrateur au longs cours hivernant en Inde, atteignant accidentellement la Suisse lorsqu'il dépasse son aire de nidification méditerranéenne lors de son retour printanier orienté vers le nord-ouest. Les nidifications récentes découvertes dans le Midi de la France laissent espérer que le Bruant mélanocéphale, actuellement en expansion vers les Alpes, s'installe un jour dans notre pays.


illustration

Bruant mélanocéphale mâle de 2e année. Benkenried SG, 26 mai 2015. L. Maumary.

Le Bruant mélanocéphale niche du sud de l'Italie et des Balkans à travers la Turquie et le Caucase jusqu'à l'est de l'Iran. Avec près de 150'000 couples, la Grèce héberge 70 % de la population européenne (Russie non comprise). Les quartiers d'hiver se situent exclusivement dans le nord-ouest de l'Inde.

En Suisse, l'espèce est apparue à 12 reprises dans les Alpes, au Tessin, sur le Plateau et dans le Jura. L'observation la plus remarquable, suggérant une nidification, est celle d'un couple (m. chanteur et f.) les 20/22 mai 1996 au delta de la Maggia/Locarno TI.

Le séjour du Bruant mélanocéphale en Europe est extrêmement bref, car c'est un migrateur tardif au printemps (fin mai/juin), et il quitte ses sites de nidification dès fin juillet/août. Toutes les données suisses sont comprises entre le 20 mai et le 27 juin.

La fréquence du Bruant mélanocéphale augmente en Suisse, 5 des 8 observations du XXe siècle ayant été effectuées à partir de 1992. En France, où 55 ind. ont été observés au XXe siècle, l'espèce a niché pour la première fois en 2000 et 2001 dans les Alpes-Maritimes et le Var ; elle est devenue annuelle à partir de 1986 dans le Midi. Cette recrudescence est liée à l'expansion que connaît l'espèce depuis les années soixante dans les Balkans et en Italie, où elle a niché jusque dans le sud de la Lombardie. Il existe 15 données en Allemagne et 4 en Autriche au XXe siècle.

Le Bruant mélanocéphale fréquente les milieux semi-ouverts et arides tels que maquis méditerranéen, steppes boisées, bocages, vergers, vignobles, bosquets bien exposées jouxtant des cultures en terrasses, sur des coteaux exposés recouverts d'arbres épars et de haies de buissons épineux, souvent en bordure de rivière. Diurne et solitaire pendant la période de reproduction, il se nourrit de graines, d'insectes et d'autres invertébrés. Il se perche volontiers sur des perchoirs élevés pour chanter. Les cris sont des « tchup » rappelant l'Ortolan et des cliquetis de Bruant jaune. Le chant est particulièrement musical et chaleureux pour un bruant, une strophe en léger accelerando sur un ton décroissant « pzt pzt pzt pzt pzt pzt chirri chirri chirri churrlu churlu » portant à grande distance, avec une sonorité de Merle noir.

L'intensification de l'agriculture imposant les remaniements parcellaires, la destruction des haies et l'élimination des arbres isolés et des vergers à haute tige ainsi que l'utilisation immodérée de pesticides menace sérieusement l'espèce. Cette évolution est particulièrement évidente en Grèce, où les vergers d'oliviers sont remplacés par des cultures de maïs.



pub

Almanach des migrations

A propos de Lionel Maumary