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La chronique
de Lionel Maumary

Almanach des migrations

Un Venturon montagnard sur le Plateau vaudois

Lionel Maumary, Oiseaux.ch, 11.12.2009


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Comme d’autres passereaux alpins migrateurs (Merle à plastron, Merle de roche ou Accenteur alpin), le Venturon montagnard apparaît très rarement hors des Alpes et du Jura. Cela est dû à la faible distance à parcourir entre les massifs montagneux où se trouvent leurs biotopes de prédilection. Une observation d’un Venturon migrateur le 25 novembre 2009 à St-Cierges VD 870 m, au nord des bois du Jorat, est tout à fait inhabituelle. L’espèce est en effet très rare sur le Plateau suisse, surtout en automne.

Moins prolixe que son cousin des plaines, notre robuste serin montagnard n’en est pas moins éclatant, présentant un alliage subtil entre sa poitrine et sa face citron et son manteau cendré. Le passage tranquille d’un petit groupe trompetant de Venturons accueille classiquement le promeneur arrivé à la limite supérieure des forêts, que ce soit dans les Alpes ou sur les crêtes du Jura. La distribution est extrêmement limitée de ce petit passereau en fait une exclusivité des montagnes d’Europe centrale et méridionale, dont la Suisse héberge la plus forte population alpine.

e Venturon montagnard niche dans les Alpes, dans le Jura, dans les Vosges, en Forêt Noire, dans le Massif Central, dans les Pyrénées, les monts Cantabriques et les montagnes du centre de l’Espagne. Récemment encore considéré comme une sous-espèce du Venturon montagnard, le Venturon corse Serinus corsicana niche en Corse, en Sardaigne, sur l’île d’Elbe et les îles adjacentes. Avec env. 230'000 couples, l’Espagne héberge 90 % de la population européenne ; la Suisse est le pays d’Europe centrale le plus peuplé. La population alpine est essentiellement migratrice, rejoignant en hiver les oiseaux partiellement sédentaires du sud de l’Europe.

En Suisse, le Venturon niche principalement entre 1'400 et 2'200 m d’altitude dans tout le massif alpin ainsi qu’entre 1’200 et 1'600 m dans le Jura à l’ouest du Chamben près de Welschenrohr SO ; quelques couples isolés se reproduisent dans le Napf BE. Les nidifications les plus basses ont été signalées dans le Jura à 1'050 m à la Vallée de Joux VD et dans les Alpes à 1'060 m au Pfänder A; les nidifications les plus élevées se situent vers 2'200 m au val Müstair GR et en d’autres stations des Grisons et du Valais. L’espèce est régulièrement observée en migration sur les cols alpins en automne et sur les sommets dénudés du Jura, très rarement en plaine lors de chutes de neige printanières. Un petit nombre de Venturons hivernent dans les vallées ensoleillées du Valais, irrégulièrement dans d’autres zones de nidification occidentales et méridionales.

Les familles se dispersent hors des sites de nidification dès le mois de juillet. La migration d’automne débute discrètement mi-septembre, culmine mi-octobre et se termine mi-novembre. La majeure partie de la population helvétique s’en va hiverner dans le sud de la France et en Espagne ; une faible proportion est sédentaire, des hivernants isolés ou en petites troupes de moins de 10 individus pouvant être observés dans l’ensemble de l’aire de répartition. Les zones d’hivernage les plus régulières sont le Valais, les Alpes vaudoises et le Tessin, où des troupes comptant jusqu’à 200 ind. se montrent régulièrement au Monte Generoso. Au printemps, les avant-coureurs arrivent début mars, le passage culminant entre la fin de ce mois et mi-avril. Les chutes de neige tardives peuvent provoquer l’apparition de Venturons en plaine jusqu’en mai et juin. L’espèce n’apparaît qu’exceptionnellement au printemps sur le Plateau.



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