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La chronique
de Lionel Maumary

Almanach des migrations

Des Plongeons catmarins stationnent à Préverenges

Lionel Maumary, Oiseaux.ch, 19.04.2009


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L’observation des plongeons fait partie des plus grandes satisfactions pour ceux qui possèdent une longue-vue. Ils sont insaisissables lorsqu’ils pêchent, déjouant les prédictions de l’observateur quant à l’endroit où ils vont émerger. Ils représentent de plus un défi d’identification dans leur plumage hivernal gris et blanc lorsqu’ils se trouvent au large. Comme chaque printemps, quelques Plongeons catmarins se mêlent aux Grèbes huppés au large de la plage de Préverenges : il y en a 5 depuis le 11 avril, alors qu’un seul individu y a hiverné.

Originaire des régions arctiques jusqu’à l’extrémité nord du Groenland, le Catmarin a une distribution circumpolaire. En Europe, les zones principales d’hivernage se situent dans le sud-ouest de la mer Baltique et les détroits de Kattegat et de Skagerrak, le long des côtes de la mer du Nord et de l’Atlantique. Un petit nombre d’individus hiverne sur les côtes de la Méditerranée et de la mer Noire.

En Suisse, c’est un hivernant rare mais régulier, principalement sur les lacs Léman, de Constance, de Neuchâtel, de Zurich et de Sempach LU, parfois aussi sur de petits lacs. Sur le Léman, c’est dans la baie d’Excenevex F, le Petit-Lac près de Genève et devant les Grangettes VD qu’il est le plus fréquent. A l’inverse du Plongeon arctique, le Catmarin semble plus fréquent sur le Léman que sur le lac de Neuchâtel ou le lac de Constance. Une partie des oiseaux observés chez nous serait déportée par les tempêtes d’ouest.

Les avant-coureurs atteignent nos régions dès mi-octobre, mais le gros des arrivées a lieu pendant la première moitié de novembre, complété plus tard par l’exode final des oiseaux fuyant le gel. Les hivers très froids peuvent entraîner une augmentation des effectifs. Le nombre d’observations culmine de mi-décembre à mi-janvier et concerne généralement des hivernants qui sont cependant difficiles à suivre individuellement ; les cas d’hivernages complets au même endroit sont isolés. D’autres oiseaux sont en transit et continuent probablement leur voyage jusqu’en Méditerranée. En février et mars, des migrateurs sur le chemin du retour se joignent aux hivernants, qui quittent nos régions à cette période. En effet, sur le Léman, les observations se concentrent alors sur la rive nord, notamment à Préverenges VD où la plupart des données tardives sont enregistrées, alors qu’en novembre et décembre elles se répartissent plutôt sur les rives genevoises et françaises. Quelques rares individus sont encore observés en mai, exceptionnellement en juin.

La fréquence d’apparition du Catmarin a légèrement augmenté récemment en comparaison avec les années antérieures: la moyenne des effectifs de mi-janvier était de 1 (0–4) en 1968–79, de 8 (0–30) en 1980–91 et de 8 (0–21) en 1992–03. Le nombre d’observations printanières tardives a augmenté durant la période 1995–99, particulièrement en 1997.

Les plongeons se déplacent beaucoup selon l’abondance des poissons et ne se fixent généralement pas plus de quelques jours à un endroit, souvent dans des zones de hauts-fonds. Ils se tiennent en général plus près du rivage que la plupart des Grèbes huppés qu’ils côtoient. Pendant les plongées, qui durent 30-60 s en moyenne (jusqu’à 90 s), le Catmarin ne descend généralement qu’à 2-9 m de profondeur (max. 24 m), mais peut parcourir plusieurs centaines de mètres. En général, l’oiseau remonte le bec vide, la prise étant avalée sous l’eau. Il lorgne fréquemment sous la surface de l’eau afin de repérer ses proies. Les poissons recherchés par le Catmarin sont généralement de taille inférieure à 25 cm. En hivernage, il ne vole guère que lorsqu’il y est contraint par un bateau, mais couvre alors rapidement de grandes distances au ras de l’eau, le cou tendu, avant de se reposer. Les oiseaux observés chez nous sont souvent solitaires, mais de petits groupes comptant 3-7 individus ne sont pas rares.

L’acidification de l’eau, qui a pour conséquence une réduction des effectifs de poissons, de même que les dérangements et l’augmentation du taux de mercure, peuvent mettre en danger les oiseaux nicheurs. Les marées noires sont également une menace sévère en période hivernale, de même que les filets de pêche qui noient de nombreux oiseaux.



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