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La chronique
de Lionel Maumary

Almanach des migrations

Busard pâle au col de Jaman

Lionel Maumary, Oiseaux.ch, 13.10.2009


illustration

Photos Laurent Vallotton

Le 9 octobre 2009, un Busard pâle juvénile est passé au col de Jaman. Il s’agit de la première donnée pour ce col et pour les Préalpes vaudoises. L’observation n’a duré qu’une quinzaine de secondes mais grâce à la vigilance sans faille des ornithologues sur le col, l’oiseau a même pu être photographié !

Prestigieuse rareté originaire des steppes orientales, le gracieux Busard pâle est un des rapaces les plus convoités des ornithologues. La ressemblance des oiseaux en plumage de type femelle avec le Busard cendré représente également un intéressant défi d’identification : le masque facial plus contrasté, le collier mieux défini et faisant le tour complet de la tête permettent de l’en distinguer lors de bonnes conditions d’observation. Les motifs de la tête sont diagnostiques, les joues sombres rejoignant la base du bec et ne laissant qu’une fine larme blanche sous l’œil. Le jeune est reconnaissable à son corps roux brique uniforme. Le mâle est aussi pâle et uni qu’une mouette, le noir du bout de l’aile ne formant qu’un losange restreint.

Malgré une plus forte pression d’observation et une meilleure connaissance des critères d’identification, le nombre d’observations a diminué dans la seconde moitié du XXe siècle : il existe 9 données de 1900 à 1950 et 7 de 1951 à 2000. Cette évolution reflétait probablement le déclin de l’espèce en Russie. Depuis le début du XXIe siècle, le nombre de migrateurs observés en Europe est en augmentation, notamment au détroit de Messine en Sicile, ce qui semble se confirmer en Suisse également, avec déjà une dizaine d’observations depuis 2001.

Le Busard pâle est originaire des steppes de Russie et d’Asie centrale, la limite occidentale de son aire de reproduction se trouvant en Ukraine, quelques couples nichant occasionnellement en Roumanie, Moldavie et Biélorussie. Il a disparu comme nicheur régulier de Suède, du nord de l’Allemagne et des Pays Baltes. La Russie compte 1'000 à 2'000 couples nicheurs, le bastion le plus important de l’espèce (90% de la population) se trouvant dans le nord du Kazakhstan et le sud de la Sibérie, où l’espèce est localement commune. Les principales zones d’hivernage se trouvent dans les steppes et les savanes tropicales de la ceinture sahélienne, de la moitié orientale de l’Afrique sub-saharienne jusqu’en Afrique du Sud ainsi que de l’Inde au sud de la Chine. Quelques individus hivernent dans le bassin méditerranéen et en Iran.

Inféodé aux steppes vierges du centre du continent eurasiatique, le Busard pâle doit se contenter chez nous des prairies, cultures extensives et pâturages ; il survole volontiers les roselières. Diurne, il chasse principalement des rongeurs, des oiseaux, des lézards et des insectes, en explorant activement le terrain à faible hauteur comme les autres busards, mais d’un vol plus rapide.

Le Busard pâle est une espèce rare et méconnue dont la population est en fort déclin, en raison de la conversion de la steppe originelle à l’agriculture intensive, notamment dans le nord du Kazakhstan. L’espèce est considérée comme menacée d’extinction, la population mondiale n’excédant pas 20'000 couples.



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